Jeff Mills (45), DJ de Detroit, est souvent considéré comme le dieu du techno, une légende vivante. Il a choisi de passer la soirée avec la réalisatrice Claire Denis (60), qui le rejoint à Paris. Denis est connue surtout depuis 2001, où elle a fait scandale sur scène à Cannes. Dans son film "Trouble every day" avec Vincent Gallo et Béatrice Dalle, elle raconte une histoire d'amour qui bascule en vampirisme sanglant.
Les deux ont réalisé deux projets en collaboration. Mills a fourni la musique pour le film "Vendredi soir" de Denis. En 2007, il a contribué à l'exposition "Diaspora africaine", organisée par Denis qui a grandi en Afrique. Claire Denis n'est donc pas une inconnue pour Mills; pourtant, les deux sont contents de pouvoir approfondir leur rapport.
Leur voyage à travers Paris démarre au Centre Pompidou. Dans une exposition sur le futurisme, ils admirent une installation de Mills: Sur trois écrans, il montre des séquences vidéo qu'il a montées sur un tapis de son techno.
Ensuite, ils se rendent dans la Cinémathèque de France, qui enchante tout cinéaste avec sa collection de trésors précieux, parmi eux une reconstruction du robot du film Metropolis. Une sorte de déjà-vu pour Mills, qui a retravaillé le son du film de Fritz Lang en 2000. Denis nous montre un extrait d'un de ses films les plus importants: „Beau Travail". Cette œuvre nous fait vivre une rétrospective intense, elle parle d'un homme qui se souvient de ses années dans la légion étrangère. Tout comme Jeff Mills, dont la musique est purement instrumentale, Claire Denis met l'accent sur le pouvoir de l'image au lieu de se confier aux dialogues.
Par la suite, les deux vont voir un film au Parc de la Villette. Dans La Géode Mills montre "X102 - Rediscovers the rings of Saturn", un montage captivant constitué de musique électronique, de matériaux Nasa, d'étoiles, de planètes, de galaxies, "sans aucune créature, rien qui nous paraît familier" comme le dit Jeff Mills.
Plein d'enthousiasme, Denis lui confie: "I have seen my ending in your film." Un verre de vin rouge dans la main, ils ne parlent pas seulement des ovnis mais aussi de leur créativité et de leurs angoisses.
Les deux artistes ne font pas de compromis en ce qui concerne leur travail. Le processus de la création les intéresse, le succès ne joue qu'un rôle secondaire. Leur deuxième point en commun, c'est une certaine retenue ou timidité. Au cours de cette nuit qu'ils passent ensemble, ils réussissent à surmonter cette timidité, ils présentent leur travail d'un point de vue très personnel. Finalement, les deux se disent au revoir à Paris comme deux amis au clair de la pleine lune.
Une production Avanti Media pour ARTE