"Chaque dimanche, Mobutu priait à la chapelle Sainte-Marie-de-Miséricorde, où étaient enterrés sa première femme et ses trois enfants. Ensuite, il invitait tous les fidèles à manger au palais, environ 200 personnes. Après le repas, il donnait de l'argent à chacun. Il faisait sortir des cartons de billets tout neufs, et chacun se servait. Je n'ai jamais vu un homme qui donnait autant d'argent que Mobutu ! C'était un grand homme d'Etat !"
Attablé au motel Nzekele, à Gbadolite, au nord-ouest de l'actuelle République démocratique du Congo, Zoro Kenga, ancien maître d'hôtel du palais Kawele, se souvient avec nostalgie de ses années au service de l'ancien dictateur du Zaïre.
Avec ses proches, avec les chefs d'Etat étrangers qui le soutenaient, comme avec les villageois de la région de son enfance, le président milliardaire savait se montrer très généreux.
En 1967, deux ans après son coup d'Etat, le chef de l'armée congolaise transforme les quelques hameaux près desquels il avait grandi. Au cœur de la brousse apparaissent soudain un barrage, une centrale hydroélectrique, un aéroport doté de la plus longue piste d'Afrique centrale et trois opulents palais.
Quelque 14 ans après le départ du président zaïrois, rien ne subsiste de ses grandes réalisations. Rongés par le climat, dévastés par les pillages, envahis par la brousse, les infrastructures et les palais pharaoniques du Guide suprême ne présentent plus qu'un squelette dépouillé de tout son faste au visiteur.