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Dans la Zambie et les héritages coloniaux

Une critique de L'Œil du léopard de Henning Mankell

Lorsque Henning Mankell n'écrit pas de romans policiers, il s'intéresse à l'Afrique et ce "nouveau" roman, du moins pour le public français (il a été écrit en 1990) appartient à cette veine. Il se passe en partie en Zambie et met en scène un Suédois, Hans Olofson, mais raconte, de manière plus universelle, la venue d'un Blanc sur le continent noir, les difficultés d'intégration, de compréhension, les désillusions et les idéaux vite anéantis. Un roman engagé, social et politique, adouci par un souffle romanesque assez convaincant, plutôt sensible, mais profondément désespéré.

Les crises de paludisme qui assaillent le narrateur de manière de plus en plus régulière et qui ouvrent le roman avec force, symbolisent avec netteté l'impossibilité pour l'homme blanc d'intégrer à jamais le continent noir, révèlent l'angoisse d'un homme seul face à un pays qu'il ne comprend pas. "J'ai vu l'Afrique, se dit-il. Je n'ai pas compris ce que j'ai vu, mais j'ai vu."

Le colonialisme a anéanti les possibilités d'harmonie entre deux mondes, quelle que soit la méthode d'approche. Un constat sans appel et cruel, délivré tout au long de l'histoire et prédominant dans la dernière partie. "Le monde est ce qu'il est. Les oppositions sont plus grandes que jamais […] La colonisation des peuples pauvres est aujourd'hui plus que jamais d'actualité."

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