Jean Sevry nous a quittés il y a quelques jours.
L'Association pour l'Étude des Littératures Africaines, dont il a été Président de 1999 à 2004, regrette d'être désormais privée d'un membre fidèle, qui était aussi un chercheur reconnu, et un ami pour beaucoup.
Personnellement, je l'ai connu dans les années 80, alors qu'il était très engagé dans la lutte contre l'apartheid, et il faut saluer un activisme qui n'était pas très fréquent en ces années. L'Afrique du Sud n'intéressait pas beaucoup et ceux qui y avaient des intérêts restaient discrets. Jean a tout de suite été actif dans l'APELA et il a été l'un des premiers en France, avec René Richard, son collègue à Montpellier, à inviter Wole Soyinka, que l''Université a fait docteur honoris causa en 1984, année de la fondation de notre association, et à organiser un colloque consacré à l'œ'œuvre du futur Prix Nobel. Cela nous a beaucoup rapprochés et ensuite l'APELA a eu à Montpellier - ville qui avait fait Wole citoyen d'honneur ! - L'un de ses ports d'attache. Jean a accueilli notre congrès de 2001 (Les Littératures africaines : transposer, traduire, transcrire ?), chaleureusement et avec verve. C'était un plaisir que de participer avec lui à une manifestation scientifique : il ne séparait pas la poésie (qu'il écrivait) de la science qu'il pratiquait.
Il a consacré une partie de son activité à la traduction et a notamment donné une édition du Mhudi de Sol Plaatje, premier Secrétaire général de l'ANC. Ce beau livre est bien un anti-Chaka, un éloge de l'initiative féminine et de l'amitié entre les peuples. Je voudrais que l'on se souvienne de Jean pour ce magnifique témoignage. Il connaissait et aimait l'Afrique du Sud, qu'il avait parcourue de long en large, et il a donné envie à beaucoup de la connaître. Bel exemple d'une militance pour l'étude des littératures de l'Afrique.
Merci, Jean !
Alain Ricard