Documents d'archives et témoignages à l'appui, ce film revient sur les émeutes de Cayenne en 1928 qui ont conduit à un procès retentissant devant la cour d'assises de Nantes en 1931.
A Nantes, le 9 mars 1931, s'ouvre le procès de quatorze citoyens français de Guyane jugés pour assassinats et pillages en bande les 6 et 7 août 1928 à Cayenne. Retour sur l'une des affaires les plus importantes de l'entre-deux-guerres où des hommes ont lutté pour s'affranchir de l'esclavage politique et ont dénoncé avec force le système colonial.
Pourquoi, les 6 et 7 août 1928, la population de Cayenne s'est-elle révoltée ? Comment deux femmes et douze hommes, de 27 à 68 ans, se sont-ils retrouvés accusés de meurtres et de pillage en bande devant la cour d'assises de Nantes en 1931 ?
En 1928, la Guyane française hérite des bagnards et autres rejetés de la République. Elle subit aussi la tyrannie de trois hommes avides de pouvoir et d'argent : le maire de Cayenne, Eugène Gober ; le gouverneur de la colonie assujetti à Paris ; le député blanc Eugène Lautier, parachuté le temps de la campagne électorale. Miséreuse, la population reporte alors tous ses espoirs sur Jean Galmot. Cet entrepreneur humaniste, qui se bat depuis plusieurs années contre l'esclavage politique, pour l'égalité citoyenne et économique, se représente aux élections législatives. Mais les résultats du scrutin, truqués, donnent Lautier vainqueur. Le décès suspect de Galmot, quelques semaines après la validation des votes par la Chambre des députés, provoque un déferlement de violence à Cayenne. Six personnes sont lynchées par la foule et tuées. Révolte spontanée ou soulèvement organisé par un comité secret pour détruire les partisans de Gober et s'emparer du pouvoir ?
Un procès retentissant
Pour éviter de nouveaux heurts, le tribunal de Cayenne est dessaisi au profit de celui de Nantes, dans un souci d'impartialité. Fin septembre 1929, après une traversée de vingt jours, quarante-cinq personnes sont écrouées dans l'ancien port négrier.
Pendant la détention provisoire, la presse locale donne une image très négative des quatorze inculpés finalement retenus : des êtres frustes aux mœurs débridées, à demi sauvages, extrémistes et violents. Au cours des douze jours d'audience, les avocats de la défense, dont Henry Torrès, Alexandre Fourny et Gaston Monnerville, vont faire prendre conscience aux jurés, mais aussi à la France entière, que les Guyanais n'étaient pas considérés comme des citoyens à part entière, mais de seconde zone. Dans une plaidoirie remarquée, Gaston Monnerville donne une orientation politique au procès en parlant d'esclavage et de colonialisme. L'acquittement est prononcé : les accusés étaient donc des boucs émissaires ; la Guyane, gangrenée par la fraude ; et les crimes, la conséquence du truquage des élections ! On reconnaît enfin les droits des colonisés. Le suffrage universel et les valeurs républicaines retrouvent enfin tout leur sens.
Ariane Dadier
Le procès des insurgés a été l'occasion pour les avocats de la défense de dénoncer le système colonial en vigueur.
Pendant la détention provisoire, la presse locale donne une image très négative des quatorze inculpés : des êtres frustes aux mœurs débridées, à demi sauvages, extrémistes et violents.
Documentaire
Durée 53'
Auteur André Bendjebbar
Réalisation Barcha Bauer
Production France Télévisions / Les Productions de la Lanterne / Cinquillo Films
Année 2009
Dimanche 21 mars 2010 à 21.30 (Inédit)
Vendredi 26 mars 2010 à 23.50
4 fiches