Epémé Zoa Théodore alias "Zanzibar" (1962-1988) a été cofondateur avec Jean Marie Ahanda du célèbre groupe musical Les Têtes Brûlées, l'une des pépites en matière de création musicale au Cameroun. Zanzibar est sans doute l'un des premiers à porter le rythme et la musique Bikutsi à l'incandescence internationale, de par les phrasées de sa guitare solo, ses nuances vocales et ses compositions originales. Sa vie et son oeuvre sont une école d'humilité et d'exigence envers soi-même. Elle est sertie d'énigmes, d'écueils et de boîtes de pandore de divers ordres dont son nom, sa musique et sa mort.
Le livre est potable et ne s'alambique pas de formules savantes. Il retrace avec un certain réalisme l'aventure terrestre d'un garçon particulièrement doué. Un talent qui s'est construit sur la pierre dure des grands renoncements et sur un entêtement tenace à croire à un rêve. Un talent qui était un concentré d'influences multiformes : Mama Ohandja, Jimmy Ntep, Ebogo Eméran, Messi Martin, Jean-Marie Ahanda, Lionel Manga, Vincent Ndoumbè etc. Certains sont des illustres inconnus, mais représentent le ciment à partir duquel la musique camerounaise à pu s'édifier et atteindre les cimes qu'on lui connaît.

En suivant et traquant de près Zanzibar, les auteurs ont débouché sur la passion du Bikutsi. La sienne et la leur. De telle manière que certains moments de ce livre semblent soigneusement s'écarter du sujet initial, l'occasion leur étant offerte d'aborder subrepticement d'autres problématiques relatives à la socialisation et l'esthétisation de la musique au Cameroun. Ce faisant, ils complètent à leur manière Le Bikutsi du Cameroun de Jean Maurice Noah.