La France, pays riche, a encore de grandes dissymétries. Nous n'avons pas à nous faire peur parce que l'on s'emmerde. Nous exagérons chaque fait de société pour nous donner des sensations qui nous ont manqué depuis le troisième but d'Emmanuel Petit et le coup de sifflet final au stade de France. Alors nous inventons des querelles byzantines autour du PACS, pour ou contre le freudisme selon Lacan, le string ou voile islamique à l'école, repentance ou mépris.
La guerre des mémoires continue de faire rage. Le pays, phagocyté par les affaires et les égoïsmes, est enlacé dans un corset de méfiance avec un défaut périlleux pour la chose commune. Un défaut suicidaire.
Il y a une angoisse de la société où on attend passivement le déluge. On passe de la grippe aviaire à la grippe viaire. On passe de la panne viaire à l'accusation des rivières responsables des inondations. Nous passons notre temps à écouter les Cassandres qui nous prédisent notre fin au lieu d'aider les Sisyphes prêts à relancer les défis de notre époque. Pourtant nous sommes des privilégiés.



Boubacar Seck est architecte et chef décorateur de cinéma. Il vit et travaille à Bordeaux. Citoyen engagé, il est conseiller de l'ordre des architectes d'Aquitaine et vice-président de SOS-Racisme Gironde.